samedi, juin 16, 2007

Lac Titicaca et Isla del Sol

Après une longue semaine à Sucre, Anne prend courageusement le risque de tenter un long voyage en bus de nuit. Nous sommes un peu anxieux mais le fait de partir vers de nouvelles aventures fait du bien à notre moral. Apparemment, c’est changer d’air qu’il fallait. Une fois quitté Sucre, les soucis de santé s’évanouissent.

Nous avions envisagé de sortir des sentiers battus, que nous avons peu quittés en Bolivie, mais ce sera pour une autre fois. Nous nous dirigeons vers le lac Titicaca et l’Isla de Sol. C’est un classique pour ceux qui passent un peu de temps en Bolivie.

Partagé entre le Pérou et la Bolivie, le lac Titicaca s’étend sur 8.290 km carrés, dans une dépression du nord de l Altiplano. Sa taille impressionnante (176 km de long et une largeur moyenne de 66km) en fait le plus grand lac d’Amérique du Sud. Et ce n’est rien par rapport au lac qu’il était avant. Il y a 10.000 ans, alors que le niveau des eaux était de 45 mètres plus haut, le lac Ballivian s’étendait dans l’Altiplano jusqu’au Salar d’Uyuni. Puis son niveau a baissé et il s’est séparé en lac Titicaca d’une part, et lac Minchin d’autre part (qui a son tour a donné naissance au salar, voir notre post du 4 juin).

Le soleil tape fort ici. Pour cette raison 90% des eaux amenées au lac partent en évaporation. Cela fait du Titicaca un lac saumâtre.

L’Ile du Soleil, sur laquelle nous décidons de nous rendre, est la plus grande île du lac. Peuplée en grande partie d'indiens d'origine Quechua et Aymara, on y parle les langues ancestrales, mais aussi l´espagnol. Le nom originel de l’île, en aymara, était Titi'kaka, et c'est elle qui a donné son nom a l´immense étendue d eau.

Nous débarquons sur l’île un jour de fête. C’est la San Antonio. Et à voir les locaux célébrer, c’est important. Tellement qu’il est difficile de trouver un lieu ouvert où manger ce soir. Les tenanciers ont déserté leurs établissements pour faire la fête.




Après avoir déambulé un bon bout de temps, nous trouvons enfin un lieu où nous rassasier. Nous nous régalons de la trucha, variété de truite que l’on trouve dans les eaux du Titicaca, que les locaux préparent à merveille.

Réveillés le lendemain par le chant de l’âne, nous avons la joie de bénéficier d’une superbe vue depuis la chambre d´hôtel. La Cordillère Royale avec ses sommets Illampu -6.368 mètres- et Ancohuma -6.427 mètres- s’étend, enneigée, au delà du lac.



En route. Il n’y a pas de temps à perdre pour faire cette balade. Apres tous ces jours où nous sommes restes inactifs, il nous presse de nous dérouiller les jambes. On re-négocie le prix de la chambre avec la gérante parce que la douche promise ne fonctionnait pas, la chasse non plus, et parce qu’ils avaient oublié de mettre des couvertures pour la nuit (a 4000 mètres, on ne rigole pas avec ça –au passage merci David de nous avoir conseillé d’avoir nos sacs de couchage avec nous en toutes circonstances). On y va. Petit déjeuner dans un hôtel surplombant le lac. Le plat chaud arrive froid comme souvent, et cela ne nous met pas en avance pour la balade qui nous attend.

L’île du soleil est un lieu très important pour la civilisation Inca. L’histoire dit que c’est ici qu’est né le Dieu Soleil. Inca Capac, le premier Inca serait parti d’ici pour fonder la ville de Cuzco, c’est le début de la civilisation Inca. Sur l’île subsistent des ruines, la plupart datant des environs du 15eme siècle après JC. Cependant, les archéologues ont découvert qu’elle était déjà habitée 3000 ans avant notre ère.



Bien que nous ayons réduit le contenu de notre sac au strict minimum, la balade se révèle exténuante. Elle n’aurait posé aucun problème en Belgique et pourtant ici… c’est encore cette altitude qui nous joue des tours ! Certains sommets de « l’Ile aux six collines » sont a plus de 4000 mètres. Nous n’avançons pas au rythme prévu. Désireux de boucler le tour de l’île dans la journée malgré tout, nous laissons derrière nous la chance de loger au village de Cha’lla. Il faut faire vite pour rejoindre Yumani tant qu’il fait clair. Olivier force le pas et Anne suit, forçant deux fois plus. Dix mètres devant, il peut entendre la respiration de la suivante, qui s’essouffle. La tête lui tourne. Après quelques kilomètres, c’en est trop pour elle et il convient de s’arrêter malgré la nuit tombante.

Au sommet de la colline, une silhouette s’est détachée dans la pénombre. On nous guette depuis quelques temps. Nous reprenons l’ascension de cette bute, une des dernières avant le village. Un très jeune enfant vient à notre rencontre. Il récite : «¿Quieren dormir? Tenemos habitaciones con baños privados y con partidos…” qu’on peut traduire par « Vous voulez dormir ? Nous avons des chambres avec salle de bain privée et des chambres avec salle de bain par tagées (en deux mots) ». Souvent, les enfants rabattent les touristes afin de remplir les chambres de l’hôtel de papa et maman, ânonnant un texte appris par coeur. Nous avançons avec lui. Dans une chambre de la petite bâtisse plantée dans le noir sur le flan de la colline brille une bougie. L’hôtelier sait comment parler à deux randonneurs fatigués, qui ont froid et doivent se poser. Pas question d aller plus loin si l’on peut dormir et s’il y a à manger, même si ce n est pas terrible.


Le deal est passé pour une bouchée de pain. L’eau chaude (vraiment un tout petit peu), ce sera pour demain matin parce qu’il n’y a pas suffisamment d’électricité en soirée, mais peu importe. L’hôtel est en construction, ce qui nous vaut le luxe d’être seuls avec la famille dans ce cadre magique. Le registre indiquera que des clients n’y séjournent que tous les trois jours environs. Nous soupons dans la chambre comme le resto n’est pas fini non plus. Le repas est loin d’être « pas terrible » : encore une de ces délicieuses truites dont on se régalerait des jours d’affilée. Réveil le matin avec une autre vue fantastique, sur l’autre coté du lac cette fois.



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